Mon Muse

 

La veille au soir, fini de lire l’intégrale des nouvelles de V. Nabokov. Cet après-midi, sur le mur sud de ma maison, en plein centre de la capitale, un grand papillon Vulcain (Vanessa Atalanta) se chauffe au soleil. On est à la toute fin d’octobre, pourtant… Je l’observe de près pendant un quart d’heure. Il palpite doucement, somptueux. L’écharpe corail et neige de ses ailes est translucide; son corps est couvert d’un duvet noir aux reflets bleu nuit; même ses fines antennes sont rayées. Un chef-d’œuvre. « Vladimir, lui dis-je enfin, arrête de plaisanter! Je t’ai démasqué. » Mais ce grand migrateur refuse de s’envoler. « D’accord, d’accord. Tu voudrais devenir mon muse, n’est-ce pas? J’ai déjà des prétendants, entre autres un certain Anton T., et aussi, le fameux Ivan B.; mais je te promets d’y réfléchir… »